3 avril 2010

Les songes de Gopal Dagnogo - DNA






Focus


Gopal Dagnogo. Photo DNA - Bernard Meyer

STRASBOURG

Les songes de
Gopal Dagnogo

Nourri de ses racines africaines, mais aussi d'une peinture occidentale dont l'intérêt ne lui a pas échappé, Gopal Dagnogo, 36 ans, originaire de Côte d'Ivoire, signe des tableaux d'une brutalité métissée qu'il présente à la Galerie No Smoking.
S'y déploie un tumulte de couleurs, de recouvrements, de coulures, d'éclats. Lui préfère parler de silence. « On associe souvent l'Afrique au son, à la parole. Je crois au contraire que c'est un continent où il faut tendre l'oreille, où le silence recouvre tout » , observe-t-il.
Un silence traversé par tout un peuple de divinités sculpturales, d'animaux les plus divers, de traces et d'éléments humains - une jambe, un pied, une main, un corps, mais aussi une chaussure ou une bouteille, sans oublier des ponctuations graphiques sous formes de définitions de dictionnaire ou de chiffres qu'il définit comme « cabalistiques ».
Autant de codes que relie entre eux cette énergie de l'acrylique, parfois colorée, parfois laiteuse, mais toujours ancrée dans la notion d'une mémoire qui affleure. « Faire resurgir le refoulé », confie ce lointain petit cousin d'un Basquiat métissant racines culturelles africaines et peinture occidentale.
Un cursus d'autodidacte. Ou presque. « J'ai baigné dans l'art. Ma mère était prof aux Beaux-arts d'Abidjan, mes deux frères aînés étaient artistes. Je les aidais dans leurs travaux, ce qui a très vite contribué à me former techniquement », dit-il. Et de raconter comment un temps il gagnait sa vie en réalisant des copies de tableaux anciens avant d'aller explorer d'autres territoires. Ceux, des songes et des silences, que son pinceau chaman révèle sur la toile. Plus réels que les rêves, plus assourdissants que les silences.


S.H.

Jusqu'au 30 avril, chez No Smoking, 19 rue Thiergarten. Du mercredi au samedi, de 14 h à 19 h.

© Dernières Nouvelles d'Alsace



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