CULTURE Foire d’art contemporain de Strasbourg St-art maintient le cap
Quelque 27 000 visiteurs sont attendus sur les stands de St-art. Photo DNA - Jean-Christophe Dorn
Dans un contexte économique peu engageant, la foire d’art contemporain de Strasbourg, qui ouvre ses portes aujourd’hui, parvient à préserver son plateau quand d’autres pronostiquaient un net recul.
C‘est un indicateur qui ne trompe pas. « Là où généralement des galeries s’engageaient de manière ferme et définitive à participer à la foire plusieurs mois à l’avance, la réponse ne nous parvient plus que dans la dernière ligne droite. On les sent bien plus prudentes », observe Philippe Meder, directeur de St-art.
« Ce n’est pas que l’intérêt pour l’art faiblisse aujourd’hui. Je le vois bien lors de mes expositions. Les visiteurs restent sensibles à la qualité des œuvres. Mais ils passent plus difficilement à l’acte d’achat. Je les comprends, avec toutes les informations anxiogènes dont nous sommes bombardés », réagit la galeriste strasbourgeoise Nicole Buck, qui a encore en mémoire la période faste de la fin des années 80, « quand les acheteurs se transformaient peu à peu en vrais collectionneurs ».
«Nous avons conservé les meilleures galeries»
Et que dire alors des galeries espagnoles et italiennes confrontées à des situations économiques autrement plus inquiétantes ? « La réaction n’est pas la même d’un pays à l’autre », remarque Patrick-Gilles Persin, directeur artistique de la foire. « Les Espagnols se démènent, cherchent à se montrer à l’étranger, prennent des risques financiers. C’est particulièrement le cas en Catalogne. Alors qu’au contraire les Italiens sont tétanisés, accrochés à leur rocher comme des bigorneaux. »
Ainsi verra-t-on huit galeries catalanes à St-art. Un chiffre cependant bien en dessous de celui de l’an dernier où l’Espagne caracolait en tête avec une vingtaine de galeries. «Mais nous avons conservé les meilleures », s’empresse d’affirmer Patrick-Gilles Persin. L’édition 2011, dont on pouvait craindre qu’elle affiche un recul, préserve toutefois ses positions.
« Pour nous, cette manifestation est un bébé auquel nous tenons énormément, notamment pour des raisons d’images », martèle Alain Weber, président de Strasbourg Événements, société organisatrice de St-art. Il en a suivi l’évolution avec attention depuis sa création et la considère, du haut de sa place de première foire d’art contemporain en région, comme « une pépite » – pépite dont le budget avoisine les 700.000 €.
Cet investissement se traduit par un plateau qui s’enrichit de quelques belles participations, à commencer par l’excellente galerie parisienne Jean Brolly (lire ci-dessous) et la galerie Bernard Jordan (Paris, Zurich, Berlin). Le galeriste strasbourgeois Yves Iffrig est en effet parvenu à les convaincre de participer à St-art – on lui doit aussi l’arrivée de l’éditeur Michael Woolworth au remarquable parcours professionnel. « Leur présence contribue faire monter le niveau de la foire», estime Yves Iffrig.
Recentrée sur « les fondamentaux de la foire que sont la vente et la rencontre entre des amateurs et des galeristes », affichant un habillage institutionnel plus light, St-art a rompu avec le cycle des capitales invitées (Budapest, Istanbul, Bucarest) dont la participation marchande s’était à chaque fois révélée décevante.
Mais elle revendique toujours son accessibilité, tant dans le domaine marchand que dans celui des esthétiques représentées. La fourchette des prix y oscille entre 1000 et 10.000 €. Avec l’une des propositions les moins chères (15 €) sur le stand de Georges-Michel Kahn qui flatte l’ego de l’acheteur en intégrant son photomaton dans des décors signés Ben, Jacques Bosser, Joël Duccoroy, Jérôme Mesnager ou Christophe Meyer. Œuvre d’art ou marketing ? Le débat reste ouvert.
Jusqu’au lundi 28 novembre au parc expo du Wacken. Tous les jours, de 11h à 20h ; 21h le vendredi, 19h le lundi. www.st-art.com
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