Le corps et son temps
Après vingt ans d'absence, Arnaud Franc revient à Strasbourg et présente, chez No Smoking, Le Temps du corps. Qui est, ici, celui de l'élégance surgie tant de la ligne que de la matière même de la peinture.
Originaire de Villefranche-sur-Saône, formé aux Arts appliqués de Lyon, Arnaud Franc a vécu quatre ans à Strasbourg, y exposa à deux reprises chez Nicole Buck à l'orée des années 90, avant de ricocher sur Paris, où désormais il vit et travaille. On l'avait croisé chez No Smoking, l'an passé, au cours de l'exposition collective que la galerie consacrait à la relecture contemporaine du thème de La Jeune Fille et la Mort. Il y tient donc aujourd'hui l'affiche seul, avec un panorama d'oeuvres sur toile et papier, réalisées en technique mixte - huile, acrylique, fusain, pastel gras...
Un émerveillement
de la chair
Dénominateur commun de ce vaste ensemble : le corps que l'artiste aborde dans un mélange de grâce et d'épaisseur, de légèreté et de pesanteur. Un travail à l'énergie très graphique, portée par un trait qui n'hésite pas à déformer les proportions, à suggérer la tension du modèle, sa résistance physique, mais aussi à retranscrire la liberté d'un mouvement, la fraîcheur d'une vision - un émerveillement de la chair.
Cette sensibilité à la ligne, souvent discontinue, et même assez brutale, s'accompagne également chez Arnaud Franc d'un plaisir de la couleur, appliquée vigoureusement à la spatule, en recouvrements partiels du sujet, dans des accords de tons vifs, sinon audacieux. S'installe ainsi un jeu plastique où le vide, l'espace, mettent en valeur cette chorégraphie sauvage et dépouillée, ces corps partagés entre beauté et outrance, vérité intérieure de l'artiste et âpre distorsion de la figure humaine.
Le Temps du corps, qui donne son nom à l'exposition, est principalement celui de la métamorphose, d'une vision réappropriée et poétique du nu d'atelier. D'une géographie des formes qu'Arnaud Franc inlassablement parcourt, caresse et malmène, cherchant à en épuiser tous ses possibles. Très souvent avec bonheur. Parfois avec un soupçon de maniérisme un peu trop léché - sa seule faille.
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