le 18/06/2011 02:01
STRASBOURG / Eric Bleicher chez No Smoking
Le voyage de la peinture
Il vit à Colmar mais n’expose que très rarement dans la région, préférant les grandes métropoles (New York, Pékin, Paris, Bruxelles…). On avait cependant pu remarquer sa présence à la dernière édition de St’art où son marchand belge lui consacrait un one-man-show. Eric Bleicher avait alors pour voisin Bertrand Rhinn et sa galerie No Smoking.
Les voilà donc réunis pour Vers le sublime (rien de moins !), panorama d’œuvres récentes. Garantir au visiteur ne serait-ce qu’une petite approche du sublime en question, paraîtrait très exagéré.
Mais il y a dans la peinture d’Eric Bleicher, avec ses effets de profondeur produits par une succession vertigineuse de glacis (jusqu’à 14 couches), de quoi capter l’attention.
Réalisés sur des écrans de sérigraphie, au rendu translucide mais à la surface tout en tension, ses tableaux troublent le regard. Et si la matière de la peinture intrigue par son aspect inhabituel, c’est qu’elle est constituée de feuilles de henné qu’il laisse abondamment macérer (ainsi obtient-il ses tons orangés ou bleus d’une belle profondeur), de brou de noix et d’encres.
Ses « jus », qu’il charge abondamment en eau puis laisse sécher, produisent des irisations, des effets de transparence, d’étranges géographies que ponctuent également, çà et là, des signes, des codes, des écritures que l’artiste se refuse d’interpréter. « J’aime me surprendre. Me laisser entraîner par la matière, tracer de fausses pistes », explique-t-il simplement, mais à l’écoute des commentaires que ses toiles provoquent.
Nul besoin, donc, d’aller chercher plus loin. C’est à la fois la limite et la force de son travail : ouvrir un espace, celui de la peinture, ici très (trop ?) séduisante, dans lequel le regard se perd. Voyage effectivement.
S.H.
Jusqu’au 8 juillet, 19 rue Thiergarten. Du mardi au samedi, de 14 h à 18 h.
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